Printemps

Hier matin, dans un demi sommeil encore habité de je ne sais quelle niaise rêverie, j’ai essayé naïvement d’accrocher le soleil aux arbres de la forêt voisine de ma grotte, me régalant à l’avance de la mauvaise surprise que je réservais à tous les curieux et observateurs des mouvements célestes, et du bon tour que je leur jouais en le retenant captif dans les branches encore deffeuillées. Mais, nécessité faisant loi, j’ai dû tourner les talons pour vaquer à quelques tâches qui m’appelaient en quelque endroit, vers un autre point cardinal. Mal m’en a pris, car le bougre, s’apercevant de mon inattention, en profita pour s’aller dans mon dos réjouir avec la lune de leur jeu de cache-cache préféré et ainsi s’éclipser. Je le retrouvai plus tard bien haut dans le ciel, tout sourire dédaigneux et content de soi. Et je m’aperçus plus tard, environ un quart d’heure avant minuit, que venait de naître un garnement appelé par les doctes savants « équinoxe vernal » et que nous nommons affectueusement Printemps. C’est d’ailleurs pour fêter l’évènement que la nuit ajusta parfaitement les dimensions de sa robe à celles de la robe du jour.

rony